Il y a quelques mois j’ai découvert un article sur un projet éminemment politique défendu d’une manière des plus erratiques par une secrétaire d’état. Il se trouve que cet article m’a donné l’idée d’écrire un poème pour dénoncer la langue de bois, fréquemment utilisée en politique et de manière générale en société. En toute bonne foi, je le trouve plutôt réussi. Quoi qu’il en soit, je vous laisse vous faire votre propre idée dessus.
Que crois tu pouvoir me conter, toi l'étranger, Avec ton langage trompeur et chamarré ? Je ne suis pas dupe ni sous ton empire, Toi qui parles trop souvent pour ne rien dire. Qu'il fasse beau, tu prétends sentir la pluie, Qu'il fasse chaud, tu prétend alors refroidir, C'est avec grande aisance que tu sais mentir, Étaler ta fatuité, provoquer l'ennui. Ne reste dans ton discours que désolation, Créée par un manque total de réflexion, Vaste et morne plaine, sans vie, sans intérêt, Où l'on ne ferait que cultiver des rochers. Te rend-tu compte de ta vanité quand tu t'exprimes ? Quand bien même ton public t'applaudirait, J'aurais toutefois un doute sur sa sincérité, Où bien, que dis-je même, sur sa propre estime. Dans quel désastreux but, cherches tu à tenter, De nous convaincre de ta bonne volonté ? Pourquoi donc tout faire pour donner bonne impression, Quand l'on sait que tu ne restes qu'un histrion ? Ridiculises toi donc, fais rire ton roi, Agis tel le bouffon que tu es devenu, Tes plaisanteries seront, sans doute, entendues, Par celui qui te voie en faire-valoir sournois. De mots tu uses pour persuader les sots, De gestes pour convaincre ceux qui restent, Mais de cette tâche, l'utilité je conteste, Pour moi qui résiste à tous tes futiles assauts. Dans tous les instants, toutes les situations, Quelle que puisse être ton intervention, Tes vains propos, tentes tu de rendre splendides, Tu parles, avec éloquence, la langue du vide.