Les conflits armés… Vaste sujet s’il en est ! Et ce de plus que l’actualité s’y prête assez bien au moment où j’écris. À l’origine aucun affrontement ne se déroulait sur les marches de l’Europe et j’en étais bien conscient. Toutefois, j’ai tout de même décidé de composer ce poème pour dénoncer les guerres dans leur abomination. En effet, les vainqueurs n’existent pas réellement quand l’on parle de ces dernières, au vu du coût humain que cela représente pour les nations concernées. De même, le phénomène étant universel et fort étendu dans le temps, la tâche de les critiquer est d’autant plus aisée. Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis :
D’où que vous soyez, vous n’y échapperez pas, Elle vient, faisant planer son ombre menaçante, Sur la Terre, rendant les sociétés mourantes. Son nom, odieux, est entendu ici et là. Incessamment terminée et recommencée, Elle revient à l’esprit retors des humains, Dans ces moments où notre faible humanité, Conçoit son sacrifice, en dépit qu’il soit vain. Au son des marches vindicatives et guerrières, Des communautés consacrent le prochain massacre, Par leur joie, près des maisons couvertes de lierre, Avant d’en ressentir l’ignoble fumet âcre. Redoutable collective émulation, À la frontière de l’hallucination. Où sont scandés par voix de héros casaniers, D’éloquents discours provenant de leur terriers. D’union sacrée à division profane, On fait grand cas de l’héroïsme, de l’honneur, Même si cela implique de voir l’horreur, Derrière le retour du culte des mânes. Bien qu’étant tout à fait empli d’absurdité, Il n’en reste, toutefois, pas moins célébré. Ce rite de passage pour beaucoup d’enfants. Nombre furent à tout jamais pris par le néant. Il faut le croire, c’est le prix à payer, Pour que les bonnes gens aient bonne conscience, Et que l’on continue à ne pas donner chance, À ceux qui, en dépit de tout, en méritait. Quand cela finira-t-il, telle est la question, Quand, nom du ciel, par comprendre nous finirons, Que toute cette hystérie est fort bien vaine, Là où repousse, tel le chiendent, la haine. Privilège des uns, épouvante des autres, Redevable de sa repoussante existence, À notre propre et détestable inconscience. Ainsi qu’à ceux qui s’en proclament comme les apôtres. Affaires de terres, de propos ou d’idées, Au bout du monde, ainsi nous sommes entrainés, Pour subir le plomb et le feu et la mitraille, Qui fauchent les uns et dans la chair des autres taillent. Déraison universelle, grêle d’acier, Des épithètes, il n’y en aura pas assez, Dans le but de réussir à qualifier, Ce que d’aucuns voient en honneur particulier. Prisonniers de nos démons, à leur merci, C’est enchainés mais libres de nos mouvements, Qu’assujettis par les hiérarchies nous voici, Massacrant l’ennemi n’en demandant pas tant. Mis en croix au nom de la gloire militaire, C’est de notre sang que s’abreuve notre terre, Elle qui nous vit, groupés, partir à la guerre. Avant d’assister à la folie meurtrière. Ce sont, malgré eux, des braves que l’on conçoit, En les menant, au son du canon, au combat. Là où les fusils claquent et l’artillerie tonne, Comme une relance du combat de Cambronne. Malmenés par la violence des éléments, Façonnés par le temps qui conçu les géants, Fidèles nous resterons, même les mourants, C’est debout que nous affronterons l’ouragan. C’est agrippés par la fange et par la faim, Qu’ensemble, quoi qu’il en soit, nous tenons le coup, Pour garder un bien maigre bout de terrain, Celui là même parsemé de mille trous. Partis mourir pour le nom d’obscures alliances, Au nom d’un état de fait, fait par les états. Mis aux calendes grecques, dans leur agenda, Les considérations sur notre insouciance. Déluge de folie en terre cent fois maudite, Où le ciel et le sol couleur andésite, Donnent œuvre terrifiante au regard pétrifié. Celle de Cronos et ses enfants dévorés. Automates et hommes, ensemble dans leur malheur, Plongés, des jours, des mois dans la fureur du monde, Surmontant tant bien que mal cette chose immonde, Jusqu’au jour où viendra la fin, la dernière heure. Profitons du temps paisible, du son de la lyre, Il viendra bientôt notre tour de souffrir. Je crains qu’il ne faille dire que bientôt, La folie des hommes sera lue sur leurs peaux.